Des jeux moches, mal réalisés, bourrés de bugs, on en a bouffé en tout temps, toute générations de consoles, et le plus souvent, ces derniers puaient la daube intégralement. Mais, et j'espére ne pas être le seul , il en est quelques uns qui ont su se montrer digne d'intéret. State of Decay fait partie de cette caste, et même bien plus à dire vrai.

State of Decay donc ( SoD pour les intimes, ou les feignasses nocturnes de mon genre) , je l'ai découvert un peu par accident, une nuit de Septembre 2013, en lisant un test dithyrambique du site IGN UK. Du coup, profitant du très agréable service Xbox Live Arcade qui offre systématiquement une démo jouable de ses titres, je télécharge, et m'empresse d'essayer.

On nous propose d'incarner le sieur Marcus, campeur lambda, accompagné de son pote Ed, qui, après un trip pêche, nature et binouzes dans un coin perdu de la cambrousse US, découvrent qu'un truc tourne pas rond dans le coin. Rien de très méchant, il fait beau, le coin est joli, mais il n'y a plus âme qui vive dans les environs, enfin si, des trucs sombres, puant, qui grognent, et accessoirement salement agressifs : des zombies quoi. N'écoutant que son courage après s'être probablement chié dessus, c'est la baston...Armé d'une branche d'arbre, on nous invite à défoncer poliment l'occiput de cette charcuterie vivante, bien aidé en cela par le bon Ed qui n'hésite pas à ceinturer le monstre pendant que l'on frappe.

Très vite, on comprends que si il est possible de se défendre correctement, les zombies sont bien trop nombreux pour tous êtres soignés de la sorte, le gameplay dévoile alors une autre de ses facettes: l'infiltration.

Chose fort simple au demeurant , demandant de nous déplacer accroupis et de profiter de chaque buisson, chaque souche pour se planquer et slalomer entre les grappes de saloperies, et pourquoi pas, placer un bon stealth-kill bien Tenchu dans l'esprit. Les sensations sont sympa comme tout, même si les bugs de collisions sont souvent à pleurer de rire. Notre duo arrive tant bien que mal au refuge de Rangers du coin, où la situation est confirmée, la région est infestée de Zombies, et le Gouvernement ne donne pas le moindre signe de vie. Bref, c'est la merde.

Et quand c'est la merde, ça l'est jusqu'au bout, et le chef du coin nous annonce que si l'on veut rester au chaud dans son abri, il va falloir taffer. Nouvelle facette du gameplay révélée donc, qui nous envoit explorer les lieux, à la recherche de matos exploitable par notre abri.

Médicaments, vivres, armes, matériel de construction, les ressources ne manquent pas dans le coin, et après une reconnaissance à la jumelle juché sur un point en hauteur, viens le moment de la fouille des lieux découverts. Chiottes publics, tentes, entrepôts, il y a de quoi remplir son sac à dos, mais prudence ! Fouiller fait du bruit, et les Zombies ont l'ouïe fine ici bas, charge à nous de la jouer discrète !

Chemin faisant, nous rencontrons une campeuse égarée, aux prise avec une horde entière de Z, que l'on a tôt fait d'aider. La jeune femme en question, Maya (retenez bien son nom, ainsi que celle des deux autres gugusses) accepte ensuite notre invitation à rejoindre le refuge des Rangers.

Sauf qu'une fois revenus sur place, il ne reste plus que des cadavres, l'abri a été attaqué durant notre absence, et comble de la merde, notre cher Ed est blessé par un Z fraichement ranimé.

Voilà le contenu de la démo, qui nous en révèle pas mal sur le gameplay de prime abord, et permet de profiter d'une ambiance extrêmement réussi, contrebalancée par une réalisation pas loin d'être dégueulasse. Bugs d'affichage à foison, Zombies qui se téléportent, ou trébuchent sans fin sur un obstacle invisible. Pas grave, je suis convaincu et je craque la carte bleue. Le jeu se télécharge, s'installe et....Se corrompt aussi sec, au point que je ne pourrais pas y jouer DU TOUT.

Le souci est connu et un patch est vite mis en ligne, je reprends donc ma partie, un peu refroidi par cet écueil, mais bon !

Ed est donc pas en forme, Marcus est fatigué, j'ai donc la possibilité d'incarner Maya , qui va prendre la tête de la troupe. Un message sur la radio du refuge propose de rejoindre un autre abri, où l'on pourra tenter de soigner notre infortuné camarade. C'est parti pour un nouveau voyage à pied, vers un point FORT éloigné de la carte, et en nuit tombante qui plus est, ce qui décuple la présence des Zombies , pour notre plus grand déplaisir.

(Notez que, malgré des bugs en tout genre, les décors et la gestion des lumières sont pas mal tout de même)

Le voyage va s'avérer périlleux, mais sera heureusement grandement facilité par la découverte d'une nouvelle possibilité de gameplay, et non des moindres: la conduite de véhicules ! Très proche de GTA dans l'esprit, mais pas toujours très précises à piloter, les voitures permettent de couvrir de longues distances , relativement à l'abri des mâchoires sur pattes qui pullulent. Bien sur, lesdites bagnoles s'abiment au fil des chocs avec le décors, ou plus souvent à chaque fois que l'on s'amuse à défoncer une horde de monstres façon bowling, qui plus est, elles consomment naturellement de l'essence , et les stations du coins sont légèrement désertées, à utiliser avec parcimonie, du moins au début.

Nous arrivons enfin au nouveau refuge, Ed est pris en charge, et malgré quelques réticences d'un des habitants du coin, nous devenons de nouveaux locataires de cet oasis inéspéré , bâtit au sein même d'une église. Le jeu commence réellement ici, mais à ce moment , l'instabilité notoire du programme va encore corrompre mon fichier, et je ne vais pas pouvoir y jouer avant un long moment et moult réinstallations. Une horreur qui va me faire abandonner purement et simplement, frustré façon couilles comme des melons et dégouté.

Avril 2015. (Près de deux ans plus tard quoi, mine de rien, ça fait mal.)

Ayant décidé de relancer un peu ma 360 que j'avais un peu lâché, je retente State of Decay.

Un petit patch plus tard, je reprends ma partie là où je l'avais laissée, sauf que je vais découvrir que le jeu est doté d'une fonctionnalité diabolique: même console éteinte , il continue à vivre sa vie. L'abri que j'avais rejoins est en mauvais état, le moral est bas, les ressources manquent. Je recommence tout en gros, tellement ça me fait peur. Mais cette fois-ci, le jeu est bien plus stable et je vais enfin pouvoir en profiter. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'attente a largement été récompensée.

La démo était pourtant déjà fort riche, mais une fois le jeu correctement en main, je vais découvrir à quel point j'étais encore loin du compte.

Car la gestion de sa petite troupe est particulièrement complète. Notre base est customisable au possible, afin d'améliorer le confort de notre communauté. Et pour cela, pas de secrets, il faut des ressources, beaucoup de ressources, consommées quotidiennement, et que l'on récupère comme expliqué plus haut, sauf que cette fois, tout notre groupe met la main à la pâte de manière autonome, ce qui facilite les choses d'un coté mais les complique d'un autre, tant il n'est pas rare qu'un de nos coéquipiers se retrouve bloqué durant sa quête par un monstre X ou Y, à nous d'aller l'aider au plus vite avant qu'un drame ne se produise et détruise le fragile équilibre moral de nos survivants.

A cette tension quotidienne (précision, une journée dure 2h en temps réel) s'ajoute une trame de fond à suivre, via des missions obligatoires, qui s'enchainent de manière assez cohérente et qui nous amène à rencontrer d'autres groupes (nommés Enclave) plutôt hauts en couleurs. Le scénario reste toutefois très léger et plutôt maladroitement raconté, un constat valable jusqu'à la fin même du jeu. Dommage.

Et donc , c'est bien ?

Oh que oui que c'est bien, la réalisation moyenne est définitivement oubliée face à l'ambiance terrible de certains passages, et par la sensation de liberté vraiment très présente. Mais surtout , le coté "ptite maman" fonctionne à plein régime, gérer la santé et les états d'âmes de sa communauté , booster ses persos préférés au fil de leur progrès, on se sent vraiment impliqué un maximum , et le fait que le jeu soit persistant même après l'extinction de la console procure quelques sueurs froides, si vous tentez l'expérience, vous constaterez rapidement votre difficulté à quitter le jeu sans avoir tenté de régler un maximum de problèmes !

De plus, la difficulté est assez élevée, et malgré tout vos efforts, la mort (souvent IMMONDE et surtout DEFINITIVE) d'un membres de notre communauté n'est pas rare, et peut survenir lors d'une mission lambda de reconnaissances qui tourne mal par la grâce d'un évenement imprévu. J'ai ainsi perdu le fameux Marcus, en allant aider un de mes ouailles, déchiqueté par un mastodonte (gigantesque zombie, lent, con , mais surpuissant) , et quelques jours plus tard, ce fut le tour de la jolie Maya, broyée par une horde entière de Zombie, des moments qui vous glacent littéralement le coeur et qui ravagent la jauge de moral de notre base.

Je reste volontairement incomplet sur la richesse de State of Decay, tant la découverte est un plaisir, mais j'insiste vraiment sur le fait que l'ambition de ses créateurs y est palpable, de manière bien plus concrète que sur bien des titres AAA trop souvent formatés, et il est juste dommage que la réalisation , ainsi que l'écriture générale du jeu , soit bridée par un probable manque de budget.

Toutefois, SoD ayant eu un succès important sur le XLA (Le million dépassé) et Microsoft semblant chapeauter le tout, je garde espoir de voir une nouvelle itération de ce jeu arriver un jour ou l'autre, avec bien plus de moyens, ce qui constituera sans doute l'avénement d'une licence majeure, avec un grand M .

Le cas State of Decay

Partager cet article